- Jocelyne Calas
L'humain et la nature
L’homme a toujours dialogué avec la nature. Elle habite tous ses domaines, investit sa pensée, ses mythes, stimule son imaginaire, ses sciences, ses arts et sa littérature.

Il la conjugue à tous les temps. Langue des trouvères, langue des oiseaux, chansons traditionnelles, dictons, proverbes, expressions, fables. Elle est sa référence à l’esthétique, le nourrit, le soigne et l’habille.
Depuis toujours l’environnement s’est imprimé au plus profond de l'humanité. La richesse et la diversité naturelle ont engendré les particularités régionales leur insufflant une identité propre.
De la forêt sauvage au bois sacré, voici que l’homme fait apparaître le jardin, un morceau de nature aménagé aux réminiscences d’un paradis terrestre. Représentation symbolique du monde, le jardin traverse les modes et les époques.
Dis-moi comment est ton jardin, je te dirai qui tu es.
C’est d’ailleurs ici, au jardin, qu’un premier équilibre fut rompu au XVIIIe siècle avec l’apparition des jardins à la française.
Une nouvelle mode était lancée et avec elle, l’idée de domination au détriment de la collaboration avec le vivant !
Avec la croissance économique générée depuis le milieu du XIXe la nature devient un spectacle occasionnel.
S’ensuit à la fin des années 40 et durant les années 50 une vision de l’espace vert urbain construit autour d’un concept "d’ordre et de propreté".
Le désherbant et la tondeuse hélicoïdale font leur apparition dans les années 60. Nous entrons dans la gestion intensive des espaces et l’homme se déconnecte de plus en plus du vivant.
La nostalgie donne naissance aux petits jardins privés et aux jardins ouvriers, dont le concept se prolonge encore aujourd’hui avec les jardins communautaires.
Les bouleversements sociaux et environnementaux des dernières décennies ont impacté la nature et nos relations avec elle.
La nature est peu à peu devenue sale, les insectes dangereux, grand nombre d’animaux « nuisibles », ces herbes folles « mauvaises », les fleurs sauvages démodées.
Les saisons se devaient d’être dépassées afin de répondre aux consommateurs.
L'on parle d'élevage en production, ces animaux seraient, de simples steaks sur pattes dépourvus de sensibilité. Certains enfants croient même que les poissons sont en forme de bâtonnets … Merci Findus !
L’homme a rapidement désappris son appartenance à la nature. Inconscient qu’il s’oubliait lui-même et œuvrait à sa propre perte.
A l’image des champs, les jardins ont été aseptisés, ils sont devenus pauvres et leur charme s’est envolé.
Non seulement la vision actuelle du vivant ne comble pas le vide intérieur induit par la séparation, mais nous porte au comble de l’horreur : mer de plastique, les poissons se meurent d’indigestion, pollutions, manipulations génétiques (hybrides, OGM), maladies dégénératives, pandémies, 5° extinction de masse, usines d’élevage, quadrillage électromagnétique du globe, marées noires, sols mortifères, lobbies assassins protégés par nos gouvernements, la liste est sans fin.
Et le bien-être de l'homme ?
Chercheurs et scientifiques affirment que « les scènes de nature nous procurent par leur enchantement un repos de l’esprit et restaurent nos fonctions cognitives »

"La nature réduit le stress, la dépression, la douleur, la pression artérielle, l’obésité et favorise la guérison.
Elle stimule la créativité, le sens critique et la capacité à résoudre des problèmes, ainsi que l’envie d’apprendre, l’enthousiasme, le calme, la maitrise et l’estime de soi, le faire ensemble et le sentiment de bonheur". Source : Alix Cosquer, chercheuse en psychologie environnementale, Université de Bretagne occidentale.
La biophilie ou le besoin qu’a l’humain d’établir une relation avec la nature; résulte d’une évolution de plusieurs millions d’années ... Que nous en ayons conscience ou pas, elle est inscrite dans notre patrimoine génétique.
Lorsque l'homme manque de nature
Nombre de pathologies physiques et psychiques proviennent d’une carence en ions négatifs.
Alors que notre technologie génère des ions positifs, la nature nous procure ces indispensables ions négatifs, si chers au vivant.

« Notre évolution est liée au monde naturel. Dès le plus jeune âge, le contact avec la faune et la flore est nécessaire à notre développement. Lorsqu’il est pauvre, des troubles associés au « manque de nature » apparaissent : obésité, anxiété, etc. » Richard Louv – Last child in the wood 2008
Aujourd’hui la nature a perdu sa magie au regard d'intérêts économiques.
On calcule le poids économique des abeilles, on se focalise sur les abeilles mellifères au détriment des abeilles sauvages. Ces dernières sont pourtant bien plus efficaces en matière de pollinisation et l'on ignore leurs rôles essentiels pour la biodiversité, dont la continuité de bon nombre d’essences végétales. On s’emballe sur des "modes" qui ne servent qu'un bout de la lorgnette, l’immédiat et la facilité …

La nature est réduite à une échelle de valeur pour services rendus.
Les « services écosystémiques ».
Réintégrer l’homme à la nature est une véritable urgence.
Guérir de la séparativité implique de nous remettre en question, de changer de regard et de modes de gouvernances. Prendre conscience de nos liens et de notre interdépendance au vivant en réapprenant à connaître pour savoir aimer, respecter et coopérer avec la nature et ses créatures.

Il n’est de pire consentement que l’inaction des gens de bien ...
Alors soyons le changement que nous souhaitons voir se réaliser.
Que refleurisse le vivant dans le cœur de chacun ...
Et quel meilleur terrain que les parcs et les jardins ?

Je vous souhaite le meilleur … Ribambelle d’émerveillements,
de bonheurs, de joies simples et authentiques.
Article rédigé par Jocelyne Calas, conseillère & conceptrice en biodiversité.
