- Jocelyne Calas
La Cétoine dorée est un auxiliaire

Cetonia aurata est un coléoptère de 1.5 à 2.5 centimètres, un magnifique scarabée au vol lourd et bourdonnant.
Le plus souvent vert métallisé aux reflets dorés ou cuivrés, la cétoine dorée offre selon les régions une palette chromatique allant sur le bleu, le violet ou encore le rouge.
Présente d’avril à octobre, nous assistons chaque année à deux générations d’adultes :
La première apparait début avril au sortir de son hivernation. Son pic de présence à lieu de juin à aout. La femelle meurt après s’être reproduite et avoir pondu dans les vieilles souches, les tas de feuilles, la litière, le compost et même les pots de fleurs. Puis les mâles leur survivent jusqu'à la fin de l'été.
La seconde génération apparait en septembre-octobre, elle est moins importante en nombre et ne se reproduira qu’au printemps suivant après avoir hiverné.
Les œufs, de minuscules billes blanchâtres éclosent dans le courant de l’été. Les larves se développeront durant deux à trois années jusqu’à atteindre 3 à 4 cm, puis elles se transformeront en nymphes dans leur cocon de fibre de bois, de terre et de crottes pour enfin devenir ce magnifique scarabée.
La cétoine dorée est un auxiliaire à tous les stades de sa vie.
Les larves sont spécialisées dans le recyclage :
Elles se nourrissent de matières organiques en décomposition (déchets végétaux), transforment le bois mort peu nutritif en un substrat fin et riche fort utile aux larves d’autres espèces d’insectes saproxyliques (qui réalise tout ou partie de ses cycles dans le bois en décomposition).
Elles sont précieuses au compost car elles en accélèrent la maturation, le brasse, l’aère et l’enrichissent en azote via leurs excréments. Des petites crottes cylindriques que vous repèrerez aisément par leur grand nombre.
Garantes d’un bon humus, leur présence est évidemment un atout dans les parcs et les jardins.
Elles sont inoffensives pour les plantes et ne s’attaquent pas aux racines (contrairement aux larves du hanneton).
Parmi leurs prédateurs, citons quelques amateurs de gros vers comme le merle noir, la pie, le pic-vert, la corneille, la taupe, la musaraigne sans oublier le hérisson.
Vous comprendrez l’importance de ne pas détruire les larves de cétoine. Aussi est-il utile de savoir les reconnaitre car l’on peut aisément les confondre avec celles du hanneton considérées comme les pires dévastatrices au jardin.
Alors comment les différencier ?
Tout d’abord, vous avez peu de chance de trouver des larves de hanneton au compost, et encore moins des larves de cétoine dans le sol.
« Petite tête et gros derrière, c’est une cétoine dorée. Grosse tête et petit derrière, c’est un Hanneton »
La larve de cétoine est de couleur blanc grisâtre, la tête est petite car la larve n’a pas de mandibules, les pattes sont plus courtes que la largeur du corps, l'extrémité de l'abdomen est enflé et elle se déplace en rampant sur le dos.
Celle du hanneton se trouve dans le sol, il se nourrit des racines des plantes. De couleur blanc crème avec une tache noire au bout de l’abdomen. La tête est plus foncée que le reste du corps, le dos est lisse, l’abdomen a un aspect plus fin et les pattes sont bien développées.
Elles peuvent demeurer trois ans en terre et en fonction de leur développement s’enfoncent de vingt centimètres à un mètre de profondeur.

Cependant d’autres larves fort ressemblantes se développent également dans le sol. Aussi assurez-vous bien de l’identification avant toute intervention si vous avez l’intention de vous débarrasser des larves de hannetons. Mais plutôt que de les détruire, laissez-les en évidence à l’air libre, leurs prédateurs feront le reste.
Autre confusion possible avec des larves xylophages (qui consomment uniquement du bois mort) comme celle du lucane cerf-volant.

La larve est blanche, translucide à tête lisse et orangée, celle du mâle pouvant atteindre 8 cm. Lucanus cervus, le plus grand coléoptère d’Europe pond dans les cavités d’arbre, sous des souches pourries ou dans la terre au pied d’un vieux feuillu. Cette espèce est surtout lié aux chênes, il est sans danger pour les charpentes ou tout autre bois de construction. (Bien qu’en forte régression et inscrit à l'annexe II de la directive européenne « habitats faune flore de 1992, l’espèce n’est pas protégée en France.)
Les adultes de cétoines dorées :
Les adultes sont des pollinisateurs. Ils aiment la chaleur et le soleil. Il y a peu de dimorphisme sexuel, toutefois le mâle se reconnait au "sillon" longitudinal au milieu de l'abdomen.
La cétoine du printemps se nourrit surtout de nectar et de pollen, ainsi que de quelques pétales. Elle machouille les étamines des fleurs qui ne produisent pas de nectar comme les rosiers horticoles.
La cétoine d’automne se nourrit surtout de fruits.
La cétoine dorée à une prédilection pour les rosiers, surtout sauvages comme l’églantier, le sureau, les fruitiers, les lilas, les cornouillers, les troènes, les spirées, la reine des prés, les chardons, les cirses et les ombellifères sauvages comme la berce commune.
Certes, elles abîmeront quelques fleurs qui faneront un peu plus vite, se délecteront de quelques fruits (en général déjà abimés), mais c’est bien peu comparé aux services rendus.

Comme vous le savez, plus votre jardin sera riche de biodiversité locale et plus vous serez à l’abri de mauvaises surprises car les prédateurs ne seront jamais loin et réguleront les populations en surnombre.
Ce qui ne sera jamais le cas dans un jardin de végétaux majoritairement horticoles.
Alors si toutefois leur présence vous dérange sur les rosiers, transportez-les sur des végétaux qu’elles apprécient ou bien utilisez un leurre olfactif « fait maison » à base de fruits bien mûrs auxquels elles ne pourront résister. Mieux vaut proscrire les pièges olfactifs du commerce car ils piègent également les abeilles.
Une cétoine qui s’adapte :
Il y a 22 espèces de cétoine en France. Ces coléoptères vivent essentiellement en forêt et leurs larves sont indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes forestiers.
Originellement, les cétoines dorées étaient inféodées au bois vermoulu en décomposition, c’est-à-dire les troncs creux, les souches, les branches mortes, etc. Leurs milieux naturels étaient surtout les forêts, lisières, clairières, friches, haies bocagères, tous les habitats riches en buissons fleuris et fleurs sauvages.
La raréfaction de ses habitats a amené la cétoine dorée à devenir plus généraliste en se reportant sur les copeaux de bois, les paillages organiques du type BRF, les composts, le terreau et même les pots de fleurs. C’est la raison pour laquelle sa présence est devenue plus importante dans les jardins, en milieu urbains et péri-urbains.
Ce n’est malheureusement pas le cas de toutes les cétoines. Citons le pique-prune Osmoderma eremita, la plus grande de nos cétoines européennes. Cette espèce forestière est fortement menacée de disparition car le pique-prune est inféodé aux vieux feuillus creux dont la cavité est riche en terreau et bien orienté pour la conservation de la chaleur (chênes, hêtres, frênes, saules, châtaigniers, pommiers, tilleuls).

Le pique-prune participe à la formation du terreau et au développement des cavités existantes dans les arbres à partir de blessures existantes. Cavités qui serviront un jour aux oiseaux cavernicoles.
Brun-noir à l’aspect de cuir ciré, il mesure 2 à 3 cm et peut être facilement confondu avec d’autres cétoines de nos régions. Son nom vernaculaire vient du fait que le mâle émet pour la femelle une odeur attractive de cuir et de prune.
Liste rouge UICN
L’abattage des vieux arbres, l’enlèvement des arbres morts, la fragmentation, la gestion des forêts et la diminution du bocage sont les causes principales de la raréfaction des espèces saproxyliques.
Créer des refuges :
Le compost à ciel ouvert est un environnement idéal pour la cétoine dorée. Pensez toujours a laisser un fond de compost lorsque vous vous servez et a y remettre les larves qui en auraient été extraites.
Au potager comme au jardin, sous les haies, au pied des arbres, répartissez quelques vielles souches, des tas de bois en voie de pourrissement et les cétoines se chargeront d’enrichir votre sol en échange de ce menu service.
Des réserves de feuilles mortes, soit en tas sous les haies, dans un coin du jardin ou encore fabriquez ou investissez dans un silo en grillage que vous remplirez de feuilles et de brindilles l’automne venu.

Bien entendu conservez les vieux arbres et les vieilles souches car elles sont indispensables à une multitude d’animaux spécialisés, garants de l’équilibre et de la richesse des milieux.
Note : pratiquement toutes les cétoines ont le même rôle écologique.
Un jardin qui cultive la biodiversité s’aborde avec un autre regard … Celui de la nature car l’idée de domination a laissé place à la collaboration.

Article rédigé par Jocelyne Calas, conceptrice d'espaces verts
& conseillère en biodiversité.