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  • Jocelyne Calas

Le monde du sol

Au vu des pratiques de l’agriculture « conventionnelle » et de certains jardiniers, l’on pourrait penser que le sol n’est qu’un vulgaire support de plantation …

Il est pourtant le réservoir d’une vie abondante, un écosystème complexe qui foisonne d’une multitude de vies hautement spécialisées sans lesquelles le sol serait une matière morte.



Parlons sol vivant.


Le travail perpétuel du retour de la matière organique aérienne dans le sol enrichit la terre, le système racinaire des végétaux se renforce, les plantes sont de plus en plus vigoureuses et la vie du sol s’intensifie.


Un sol biologiquement actif est capable de recycler plusieurs kilos de matières organiques au m² par an, sans aucune perte d’éléments.


Sa diversité est bien supérieure à celle de tous les écosystèmes.


Imaginez qu’un hectare de sol forestier compte plus d'organismes vivants que d'êtres humains sur la Terre ! Un mètre carré de sol de prairie abrite en moyenne près de 300 millions d'animaux et bien que très variable, on estime leur poids à 2,5 tonnes par hectare (soit une surface de 100 mètres de côté). Ou encore, un seul petit gramme de terre équivaut à dix millions de bactéries et des centaines de milliers de champignons.



Végétaux et micro-organismes


Alliances symbiotiques ou associations mutualistes, ils ont besoin les uns des autres.


Le végétal fournit aux micro-organismes le gite et le couvert (énergie, glucose, matières organiques et abri).

En échange, les micro-organismes bénéfiques créent les éléments nutritifs dont le végétal a besoin, améliorent ses capacités d’absorption, l’aident à résister aux stress et à lutter contre maladies et ravageurs, ils lui fournissent enzymes, antibiotiques ou autres molécules antivirales.

Tout ceci favorisant la bonne santé et la croissance des végétaux.


Par exemple, en décomposant les éléments minéraux et organiques, les micro-organismes rendent l’azote de l’air assimilable en le minéralisant (nitrite, nitrate), car le végétal ne peut le faire par lui-même.


Parmi eux les microarthropodes, une grande famille de décomposeurs considérés comme des régulateurs ou transformateurs de litière. Ils effectuent tout leur cycle de développement dans la litière et les premiers centimètres du sol.

Chacun son job


Micro-organismes (microflore et microfaune), bactéries, microarthropodes, acariens, collemboles, vers de terre, petites fourmis, champignons, c’est tout un monde minuscule qui œuvre sous nos pieds à la structuration du sol : ils l’aèrent, le stabilisent, retiennent et distribuent l’eau, créent, recyclent des matières organiques, protègent les nappes phréatiques, contribuent à la dégradation de polluants, et distribuent l’énergie solaire dans tout cet écosystème.



Les détritivores participent à la décomposition de la matière organique et au renouvellement du sol en se nourrissant des débris de végétaux et d’animaux.

Ils contribuent à disperser les éléments minéraux et organiques dans les différentes strates du sol.

Les galeries et les chemins creusés aèrent le sol et favorisent le drainage de l'eau.


Les bactéries participent à la minéralisation de la matière organique.

Elles en assurent la décomposition, favorisent les combinaisons azotées et protègent les racines des végétaux.


végétaux autochtones: Le mycorhize est une association entre les racines des plantes et des champignons qui créent des réseaux de connexion.

Les réseaux mycéliens couvrent plusieurs mètres carrés, et connectent plusieurs plantes entre elles.


La mycorhization est essentielle à la survie des deux partenaires et ce sont 95% des plantes à fleurs et à graines qui vivent dans cette symbiose.


Les champignons participent à la décomposition de la nécromasse (animale, végétale, fongique). Ils offrent au végétal une prolongation de son système racinaire, une meilleure capacité d’absorption des minéraux essentiels grâce à leurs filaments mycéliens, et augmentent sa résistance aux maladies des racines en activant leurs défenses.


En contrepartie, le champignon obtient les glucides directement de son partenaire, lui évitant ainsi la compétition avec d’autres micro-organismes.

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Les vers de terre sont la première biomasse animale terrestre.

Un ver de terre remonte chaque jour son poids de terre en surface.

Les lombrics participent à la formation de la structure du sol. Ils brassent des tonnes de composés organiques, aèrent, drainent, stabilisent, fertilisent et luttent contre l’érosion.

De 500 vers de terre dans un mètre cube de terre saine, l’on passe à moins de 50 en culture intensive.


Insectes : (crustacés isopodes terrestres, cloportes, coléoptères, mille-pattes, fourmis, termites, etc.), et aussi les limaces et les escargots … Sont des acteurs indispensables de la santé du sol.



La taupe, une mal aimée pourtant bien utile :

Bien qu’elle mange des vers, elle régule et assainit en engloutissant limaces, vers blancs et larves de ravageurs. Ses galeries contribuent à l’aération et au drainage du sol. La terre meuble qu’elle fait remonter en surface est utile aux hirondelles, aux insectivores à plumes, à poils ou dotés de piquants.

De plus cette terre est parfaite pour le rempotage.



La couche superficielle du sol d’un jardin non traité chimiquement est de 1 million de milliards de bactéries par m2.

Une poignée de terre saine et vivante contient plus de 10000 espèces de bactéries, champignons, micro-algues, etc..

Un sol de prairie renferme une biomasse constituée à 70% de microorganismes.



Cependant tout aussi parfait soit-il, cet écosystème est fragile.


Il peut facilement être déstabilisé par nos ingérences ; la plus petite intervention peut s’avérer lourde de conséquences et contribuer à la mort biologique.


Lui sont néfastes :

  • Les herbicides et les pesticides, y compris les anti-limaces et taupicides.

  • Les engrais chimiques (et même bio lorsqu’ils sont utilisés en excès).

  • La salinisation, le vinaigre.

  • Le manque de diversité végétale.

  • Les végétaux inadaptés à l’écosystème comme certains horticoles, les exotiques, les hybrides.

  • La réduction de la matière organique.

  • Le travail du sol en général car retourner le sol le déstructure et extrait les bactéries de leur milieu en ramenant à la surface des bactéries pour lesquelles l’oxygène est toxique (anaérobies), ou en enfouissant des bactéries qui ont besoin d’oxygène (aérobies).

  • Le tassement nuit à sa porosité naturelle et provoque l’asphyxie.

  • Un sol nu entraine l’érosion et le lessivage : un sol glacé, nu ou tassé absorbe 1 à 2 mm d’eau de pluie, là où un sol non travaillé et couvert en absorbera 15 à 20 mm.

  • Les changements climatiques brusques déstabilisent également la vie du sol.


Conséquences : accélération de la combustion de l’humus qui se minéralise, perte des fonctions stabilisatrices, des éléments fertilisants, réduction de l’oxygénation, acidification, mauvaise infiltration, disparition des réseaux mycéliens, etc. Les racines ne peuvent plus coloniser l’ensemble du volume du sol pour y puiser l’eau et les nutriments.



Les bons végétaux

Le végétal est à l’origine de la litière et de l’humus du sol puisque c’est lui qui détermine la pédofaune … On peut donc dire que « c’est la plante qui fait le sol ».


Il est donc primordial de respecter les milieux et d’être très vigilant dans le choix des végétaux que l’on y introduit.

  • Les parties racinaires des cultivars sont sous-développées et ne sont pas capables d’héberger les champignons.

  • Hybrides et cultivars, ces végétaux dits « modernes » sont adaptés aux engrais de synthèse (chimiques). Ce qui entraine inévitablement une perte de diversité de la vie souterraine.


En conclusion


De la bactérie à la taupe, c’est tout un monde qui se fait garant d’un sol vivant, d’une végétation en bonne santé donc davantage apte à résister aux ravageurs et aux aléas climatiques.


Crustacés, isopodes terrestres, cloportes, coléoptères, mille-pattes, fourmis, termites, et mollusques sont partie intégrante du processus.

Ne pas en tenir compte revient à déstabiliser, voire tuer le sol ainsi que la vie qui en dépend.


Aussi nous faut-il réapprendre à connaître ce sol, le respecter et en prendre soin car sa régénération est très lente.





Article rédigé par Jocelyne Calas, conceptrice d'espaces verts

& conseillère en biodiversité.


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