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  • Jocelyne Calas

Les insectes auxiliaires prédateurs, les rois de la lutte biologique


chrysope verte, épeire diadème et coccinelle à 7 points,des insectes auxiliaires prédateurs, les rois de la lutte biologique ne demandent qu’à faire leur travail ; réguler les ravageurs qui vous posent tant de soucis lorsqu’ils prolifèrent. jardivertcite.com - Des jardins pour la biodiversité
Chrysope verte, épeire diadème et coccinelle à 7 points

De nombreux insectes prédateurs se nourrissent des « indésirables », alors pourquoi ne pas les inviter au jardin ? Mais comme le dit si bien l’adage « On n’attire pas les mouches avec du vinaigre ! »


Comment attirer et fidéliser ces auxiliaires au jardin afin qu’ils soient déjà présents si des perturbateurs venaient à passer par là ?


Tout simplement en leur installant des zones refuges avec les végétaux réservoirs et les abris qui leur correspondent, car voyez-vous mieux vaut prévenir que guérir.


L’implantation de végétaux attractifs afin de centraliser les agresseurs et fidéliser leurs prédateurs, est de loin le moyen le plus respectueux du vivant et profitable à la biodiversité.


Bien plus que tout autre démarche, même naturelles comme l’utilisation de purins ou de décoction car ces traitements « au naturel » ont des conséquences pour petits insectivores, voire les pollinisateurs, même lorsqu’ils sont utilisables en agriculture biologique.


Empoisonner les agresseurs empoisonne également leurs prédateurs …

L’équilibre est rompu et vous tournez en rond tout en contribuant au déclin de la biodiversité !



Avant de vous présenter les principaux insectes auxiliaires prédateurs, les services qu’ils vous rendent, comment les accueillir et les fidéliser, précisons que toute invasion de « ravageurs » vous signale un déséquilibre du milieu par manque de biodiversité, donc de prédateurs pour les réguler.


Par exemple, la première cause de la prolifération des pucerons est l’excès d’azote. Ou encore la multiplication des gastéropodes (escargots, limaces) indique un excès d’humidité, une végétation stressée, malade ou infectée, une pauvreté fongique du sol (champignons, lichens et mousses) et de matières en décomposition ou bien l’inverse avec un excès.


Alors qu’une présence raisonnable de gastéropode est gage du bon équilibre de la matière organique.


Les répulsifs et les granulés d’origine naturelle comportent des risques pour le vivant car le phosphate ferrique et/ou le sodium ferrique ne sont pas sélectifs.
  1. Ils continuent d’être actifs après avoir été ingérés par le gastéropode.

  2. Les appâts anti-limaces contiennent de puissants attractifs qui se diluent dans le sol et vous continuez indéfiniment d’attirer ce que vous combattez tout en empoisonnants les prédateurs ...

  3. Sachez également qu’un gastéropode mort à un pouvoir d’attraction très puissant sur ses congénères.

Le phosphate ferrique (souvent en granulés bleus ou blancs), est le moins toxique, il figure sur la liste des produits OMRI (Organic materials review institute) certifiés pour les producteurs biologiques.

  • Toutefois, il entraine certaines réactions sur les animaux dans les 3 heures qui suivent l'ingestion : il s'agit principalement de troubles digestifs (salivation, vomissements, diarrhée) …


Pensez au hérisson, aux oiseaux et à la musaraigne.

A la taupe qui a si mauvaise presse, pourtant cochenilles, larves, limaces, vers blancs de hanneton, vers de taupins et toutes sortes d'insectes sont à son menu. Et enfin à tous les autres prédateurs de limace ( salamandre, grenouille, crapaud, orvet, lézards et aux insectes comme les nématodes, les carabes et les vers luisants.


Vous comprenez à présent que le moyen le plus respectueux est de collaborer avec le vivant et non d'agir contre lui …



Voici une liste de quelques pros parmi les plus efficaces.

Ils ne demandent qu’à faire leur travail ; réguler les ravageurs qui vous posent tant de soucis lorsqu’ils prolifèrent. Invitez donc ces auxiliaires, installez leurs milieux, leurs refuges et des végétaux réservoirs afin de les attirer et de les fidéliser.


Les araignées :

dont l’épeire diadème (Araneus diadematus) ou « araignée porte croix » avec sa croix blanche sur l’abdomen.

  • Proies : mouches, moucherons, pucerons, acariens, divers insectes suceurs et tous ceux qui se font piéger dans sa toile.

  • Milieux : haie, arbres et arbustes, très fréquente dans les jardins, elle semble apprécier les cosmos.


Les carabes :

des larves très mobiles et aussi gloutonnes que les adultes !

  • Proies : mollusques (limaces, escargots), pucerons, vers, doryphores, larves de taupin, larves du balanin des noisettes (Curculio nucum).

  • Plantes et milieux : au jardin, le trèfle violet, la phacélie, les herbes sauvages en général, les bandes herbeuses au pied des haies, les tas de feuilles mortes, de bois ou de pierres.

  • Pratiques : labours et bêchages détruisent les œufs, pratiquez plutôt le semis direct.


Les chrysopes :

dont la verte (Chrysoperla carnea), elle est si efficace qu’elle est élevée pour protéger les cultures sous serre. Ne les manipulez pas car elles sont très fragiles, les saisir entre les doigts reviendrait à les écraser. Les larves sont prédatrices.

  • Proies : acariens dont les araignées rouges, psylles, aleurodes, œufs de lépidoptères, cochenilles, thrips.

  • Plantes ombellifères : aneth, angélique, carotte sauvage, coriandre, fenouil, etc.

  • Plantes composées (Astéracées) : achillée millefeuille, camomille, centaurée, chrysanthème des moissons, marguerite, souci. Et encore : bourrache, eschscholtzia, capucine

  • Abris : tas de bois, tas de feuilles mortes, abris de jardin, etc.


Les coccinelles (larves et adultes des coccinelles à 2, 7, ou 10 points)

Si les coccinelles et leurs larves sont réputées pour être parmi les meilleurs prédateurs de pucerons, il en est certaines espèces qui s’alimentent également d'autres nuisibles comme les doryphores, les psylles, les cochenilles, les acariens, voire parfois des thrips ou des cicadelles.

  • Coccinella semptempunctata, la coccinelle à 7 points, est la plus fréquente dans nos jardins où elle se gave littéralement de pucerons.

  • La coccinelle à 22 points se nourrit quant à elle exclusivement d’un champignon parasite responsable de la rouille de nombreuses plantes.

La période d'activité sur les ravageurs (printemps ou été) varie en fonction des espèces, de même que chaque espèce a un habitat spécifique déterminé par une strate de végétation particulière (herbacées, plantes hautes, fruitiers, basses-tiges, grands arbres, rosiers).


Les coccinelles aiment les zones en friches

  • Plantes : achillée millefeuille, angélique, bourrache, capucine, carotte sauvage, centaurée, aubergine, ortie

  • Abris hivernaux : tas de feuilles mortes, mur en pierres sèches, du lierre, fagots de rosiers, des arbustes à feuillage persistant permettront également aux coccinelles de s’abriter en hiver.

Plantes hôtes pour les proies des coccinelles : les sauvages (ortie, sureau, séneçon, graminées, bourrache, centaurée...) et les cultivées (capucine, fenouil, fève, rosier, céréales ...).

Plantes attractives : achillée millefeuille, ail, ammi, bleuet, coriandre, cosmos, fenouil, pissenlit, soucis


Vous pouvez acheter des larves de coccinelles indigènes à 2 ou 7 points. La dépose des larves est affaire délicate, vous pouvez utiliser un pinceau fin et les déposer près d'une colonie de pucerons.


Les hémérobes :

Ils sont facilement confondus avec les chrysopes. Larves et adultes sont des prédateurs.

  • Proies : pucerons, acariens phytophages. Mais aussi des œufs de papillons …

  • Milieux : végétation basse et herbacée. Haie, bois de feuillus ou de conifères.

  • Végétaux : aubergine, pois, chou, artichaut, pêché

  • Abris hivernaux : tas de bois et conserver des zones herbeuses


La mante religieuse :

une grande prédatrice généraliste chez qui la prédation est un réflexe. Elle contribue activement au contrôle des populations de ravageurs en cultures maraîchères. De 5 à 8 cm de long avec ses pattes antérieures « ravisseuses ».


Elle fréquente les buissons, les jardins, les champs et les plaines herbeuses, ainsi que les abords des forêts et des lacs.


Elle s’accouple d’aout à octobre. Lors de la ponte (sept. nov.), la femelle fabrique une structure protectrice, (l’oothèque), pour y déposer ses œufs. Une seule fécondation permet à la femelle de produire jusqu'à une douzaine d'oothèques, qui contiennent chacune des dizaines ou des centaines d'œufs. Les adultes mourront avec les premiers gels.

  • Proies : criquets, sauterelles, papillons de jours comme de nuit, abeilles, mouches, moucherons, moustiques.

  • Prédateurs : oiseaux, lézards, araignées et fourmis

  • Abris : haies


Les pemphrédons :

afin de nourrir ses larves, l’adulte stocke des pucerons dans les cellules des tiges à moelle tendre ou creuse, ou le bois pourri et friable.

  • Végétaux : ombellifères, ronce, rosier, sureau et autres tiges creuses.


Les staphylins ou "insectes scorpion" :

le plus connu est le staphylin odorant Staphylinus olens, un redoutable carnassier !


Ils se nourrissent de matières en décomposition mais aussi de larves, d’asticots, de pucerons, d’acariens, d’escargots, de limaces et d’insectes morts.

  • Abris : sous une pierre, un tas de feuilles mortes, des rondins ou fagots de branches et du paillis végétal

  • Pratiques : labours et bêchages détruisent les œufs


Ou encore, une grande majorité d’espèces de guêpes nourrissent leurs larves avec des insectes. Les libellules qui consomment entre autres mouches et moustiques. Très généraliste, le mille-pattes. Les syrphes dont les larves se nourrissent de pucerons. Le ver luisant dont la larve consomme les escargots.


Sans oublier :


Les fourmis :

souvent considérées indésirables ... Pourtant qui dit fourmis, dit pucerons ! Donc présence de précieux auxiliaires.

Nécrophages, elles limitent la propagation des microbes pathogènes (90 % au moins des cadavres d’insectes dans la nature finissent dans des fourmilières, avant d’être recyclés dans le sol).

  • Proies : insectes prédateurs des fruits et des légumes, dévorent des milliers de larves, de limaces et de coléoptères.


La grande sauterelle verte Tettigonia viridissima

L’adulte (28-46 mm) est carnivore mais il ne dédaigne pas les fruits mûrs et les larves sont herbivores.

  • Proies : mouches, chenilles et même larves de doryphore

  • Milieux : Strate herbacée, friches, prairies, haies buissonnantes

  • Pratiques : conserver des bandes herbacées, ne pas travailler le sol car elle y pond à la fin de l’été.


Les perce-oreilles ou forficules :

bien qu’il apprécie les fruits bien mûrs et la laitue, le perce-oreille se nourri aussi de pucerons, psylles et de carpocapses dont la larve se développe à l’intérieur du fruit. Faites-vous en plutôt un allié en l’attirant avec de la clématite, et des dahlias.

  • Abri itinérant : un pot de fleurs en terre cuite non émaillé, rempli de paille et fermé avec du grillage. Installez-le en le présentant retourné et placez-le en fonction des besoins (attaque de pucerons) en le suspendant contre un tronc d’arbre.


Les punaises :

elles se nourrissent du suc des plantes mais chassent aussi des insectes (acariens dont les araignées rouges, psylles, pucerons, petites chenilles, thrips, etc.)

  • Plantes : les légumineuses et les molènes



Si vous achetez des auxiliaires … ATTENTION …

N’achetez que des indigènes !

Souvenez-vous que les coccinelles asiatiques qui pullulent aujourd’hui jusqu’à devenir majoritaires dans certaines régions, ont été volontairement introduites dans les années 80 comme outils de lutte écologique.

On voit le résultat ! Ce n'est qu'un exemple parmi tant d’autres ...




En conclusion, la nature sait parfaitement réguler les bios agresseurs, le tout étant de lui permettre.



« En cas d’invasion, j’attends. Je sais que les prédateurs ne sont pas loin puisque j’ai conservé leur habitat »

Daniel Chollet responsable du verger de l’Université d’Orsay.



Article rédigé par Jocelyne Calas








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