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  • Jocelyne Calas

Préparer l’hiver du hérisson au jardin


A la fin de l'automne, le hérisson commence à chercher un endroit où installer son nid pour l’hiver. Il entrera en léthargie lorsque la température descendra en dessous de 10°.


Cela pourrait être dans votre jardin si vous le lui faites accueillant …

Le jardin du hérisson à une végétation indigène et diversifiée : gazon, pissenlits, mousse, fleuraison d’adventices, buissons, haies, un compost à ciel ouvert.



Commençons par sécuriser les lieux.

  • Pensez au vide sanitaire, aux regards de canalisation et aux trous de toutes sortes dont il ne pourrait ressortir.

  • Evitez les noyades avec des rampes de sortie ou des pierres plates dans les fossés, mares, réserves d’eau et piscines dont il ne pourrait ressortir.

  • Grillage, clôture, fil de fer, barbelés, tôles, cordages, filets de protection des fruits ou des légumes, boîtes de conserve, gobelets. Tout ceci peut lui être fatal.

  • Faites attention avant d’utiliser tondeuse, débroussailleuse, rotofil, fourches et bêches.

  • Robots tondeuses demeurent hors service du crépuscule à l’aurore.


Ensuite, laisser lui le libre passage.


Faites des ouvertures de 12 à 15 cm dans les clôtures ou les murs d'enceinte qui ne donnent pas sur la route bien entendu.

Prévoyez des pentes douces (planchettes) afin qu’il puisse franchir certains obstacles comme des murets bas.

Son domaine vital variant de 15 à 40 ha selon la richesse du milieu et les saisons vous comprendrez qu’il a besoin d’espace.



Enfin, soyons cohérents :

  • Ni traitement, ni anti-limaces

  • Surtout ne pas le déranger, respectez son espace en toutes saisons. Veillez à ce que vos animaux n’aillent pas le déranger.

  • Le brulage des feuilles est interdit et c’est tant mieux … Combien ont été brulé vif par cette pratique ?



Une hibernation perturbée

Entre 15 à 17°C, il se trouve en semi-éveil et lorsque la température descend sous les 10° il sombre dans un sommeil hivernal. Entre les deux c’est le sommeil léthargique.


Il asse d'un rythme cardiaque en période active entre 200 et 280 pulsations/minute à 5 lorsqu’il hiberne. Quant à sa température, elle s’abaisse de 35 à 4°C.


Ce long sommeil sera entrecoupé de brefs réveils s’il souffre du froid ou si vous le dérangez.


A chaque fois il doit puiser dans ses réserves énergétiques qui sont censés le maintenir en vie durant trois mois et assurer son réveil.

  • Il y a les graisses blanches qui fournissent l’énergie pendant durant le sommeil et les graisses brunes ou le « combustible indispensable au réveil ».

L'alimentation est donc fondamentale dans la phase de préparation. La fringale au réveil nécessitera qu'il se sustente rapidement, d’où l’importance de pouvoir circuler librement et d’être dans un environnement riche en insectes.


Il y a encore peu de temps, il se réveillait courant mars/avril en ayant perdu un tiers de son poids mais le réchauffement climatique déstabilise son biorythme.


Les naissances tardives jusqu’en décembre entrainent une présence de juvéniles inaptes à assurer leur survie et à faire face à la « mauvaise saison » alors que la mère entre en léthargie.


Les réveils fréquents dus au réchauffement climatique forcent les adultes à sortir en quête de nourriture. Aussi l’on voit davantage de hérissons en plein jour, ce qui ne signifie pas obligatoirement qu’ils sont en danger.


Les centres de sauvegarde se retrouvent débordés et lancent chaque hiver des appels désespérés aux bénévoles.



Le nourrir au jardin ?

Cela part d’une bonne intention mais ce n’est pas une bonne chose … Le mieux sera toujours de faire de votre jardin un lieu nourricier afin de lui assurer son autonomie et de le laisser se nourrir en fonction de ses besoins selon son état et les saisons.


Par contre l’eau est indispensable.


Toutefois si c’est plus fort que vous, sachez que les croquettes et la pâtée pour chat ne répondent pas à ses besoins physiologiques. Ce ne sont que des solutions temporaires. Attention également aux croquettes triangulaires qui peuvent rester coincées dans sa bouche.


Son alimentation est très diversifiée, essentiellement insectivore pour seulement 10% de végétaux.

Sont au menu : vers de terre, mollusques, coléoptères comme le hanneton, millepattes, cloportes, chenilles, fourmis, araignée.



Anecdotiquement, de jeunes micro-mammifères et d’œufs tombés au sol. C’est également un excellent prédateur de serpent.


Vous pouvez l’aider ponctuellement avec :

  • Des pommes, noisettes et noix concassées, un abricot sec réhydraté et coupé en petits morceaux, du poulet cru.

  • Croquettes ou pâtée au poulet pour chat car plus protéinées que celles du chien, mais n’en faites pas une habitude.

  • En saison et en quantité infime : pomme, poire, abricot, melon, framboise, myrtilles

Δ Ne lui donnez jamais de lait, du pain, tout aliment cuisiné ou salé comme le jambon, puis les escargots en boîte ou encore surgelés, des agrumes et des fruits exotiques.


Sachez qu'une consommation trop importantes d’escargots et de limaces lui provoque des problèmes de parasites intestinaux et pulmonaires.



Son nid est une sorte d’igloo de 50 à 60 cm de diamètre.

Grâce à l’isolation thermique procurée par les feuilles mortes, la température intérieure varie entre 1 et 5°C, même lorsqu’il fait -5°C dehors.


Imaginez une paroi de 15 cm de feuilles bien sèches, rangées à plat comme un millefeuille, tel est l’ouvrage du hérisson.


Il est recouvert de branchages et de ronce afin de le protéger du vent et le camoufler des prédateurs.


Où aime-t-il l’installer ?


Tout d’abord il lui faut un lieu paisible, légèrement surélevé afin de demeurer au sec, à l'abri du soleil direct, du vent et de la pluie.

  • Il occupe parfois un ancien terrier, une rabouillère de lapin ou une souche creuse bien abritée.

  • Il s’installera volontiers sous une haie ou un buisson dense, à l'abri d'un talus, entre les grosses racines d'un arbre, dans une cavité entre les pierres basses d’un muret, un tas de bois que vous ne toucherez pas ou encore sous la cabane.

  • Le roncier et l’églantier sont fort appréciés contre les prédateurs et pour les insectes qu’ils attirent.

Δ Il peut également élire domicile au compost, alors soyez prudent.



Vous pouvez aussi lui faciliter la tâche en laissant à sa disposition les matériaux nécessaires à la construction de son nid.

Les feuilles mortes seront entassées sous la haie et les bosquets.

  • Cet abri végétal constituera un vivier de ressources alimentaires en insectes pour le hérisson et les oiseaux insectivores.

  • Ceci tout en vous garantissant la présence des auxiliaires.

  • Elles œuvreront également à la santé du sol et des végétaux. Voyez les bénéfices d’une seule petite action.

Laissez à disposition de la mousse, un tas de bois, des fagots et branches d’épineux, ainsi que des graminées.



Vous souhaitez lui préparer un endroit ?

Prévoyez de l’orientez l’entrée au sud-est, tant que possible.


Voici des abris à toutes épreuves que je vous conseille à partir d’un tas de buches qui lui assureront chaleur et protection :

  • Une rangée de buches fera office de plancher surélevé, ensuite montez le tas en changeant les buches de sens à chaque couche afin d’assurer la stabilité.

  • Prévoir un espace intérieur de 50 cm de côté sur une hauteur de 30 cm.

  • L’entrée fera de 12 à 15 cm au carré. Faites un sas ou un couloir afin de le protéger des prédateurs comme le chat.

  • Pour une bonne isolation thermique, recouvrir d’une bonne couche de feuilles mortes et bien sèches de feuillus, puis de branchages.

Laissez un tas de feuilles mortes de feuillus à proximité, il se chargera mieux que quiconque de l’aménagement intérieur. Souvenez-vous du millefeuille.



Vous pouvez également transformer l’abri en butte en le recouvrant d’une bonne couche de terre et y semer des végétaux de petite taille qui attireront des insectes.


En plus d’être esthétique, cela devrait l’aider à calmer sa fringale lorsqu’il se réveillera au printemps.


Ainsi, vous lui offrez un gîte dans le total respect
de ses habitats naturels.


Dans le cas où vous teniez à lui construire une cabane

(ce qui est nullement nécéssaire), utilisez uniquement du bois massif et imputrescible (Pin douglas, châtaignier, etc.).


Δ Jamais de contreplaqué ou de bois traité, puis oubliez le vernis et la peinture.

  • Ni plastique, ni bâche à cause de la condensation, ni récipient en métal car conducteur de froid et non plus en terre cuite car conductrice de froid et rétention d’eau.

  • Enfin, sachez que la paille est dangereuse pour ses yeux.


Employez les mêmes matériaux que lui.


Ne serait-il pas plus approprié d’évider une grosse bûche de feuillus.



Investir dans un abri du commerce? Est-ce bien utile lorsqu’il est si aisé de répondre naturellement à ses besoins ?


Tout ceci est devenu un véritable business ... La grande majorité de ce que vous trouverez ne lui procurera pas une aussi bonne isolation. De plus les différents modèles sont toujours trop petits, puis il vous faudra de toute façon les recouvrir d’une bonne épaisseur de feuilles mortes et stabiliser le tout avec des branchages afin qu’elles ne s’envolent.



SOS … Vous avez trouvé un hérisson en danger ?

Contactez un centre de soins spécialisé qui vous indiquera la marche à suivre car les aides diffèrent selon l’âge.


Voyez s’il est blessé ou parasité sans le manipulez pas plus que nécessaire et si cela vous est possible, prenez une photo (sans flash) et pesez-le.


Le mettre à l’abri et en sécurité : prenez un carton à sa taille, faites-y des trous d’aération.


Une source de chaleur est indispensable.

  • Utilisez une bouillotte ou une bouteille d’eau enveloppée dans un linge, ou encore une lampe infra-rouge mais ne le mettez surtout pas au soleil.

  • Jaugez la température (37°) car il ne s’agit pas de l’ébouillanter.

  • Placez la bouillotte ou la bouteille au fond du carton en la recouvrant d’une serviette. (surtout pas de paille car c’est dangereux pour ses yeux).

  • Recouvrez le corps de l’animal d’un tissu polaire.

Fermez le carton, puis installez-le au calme et dans le noir.


Ne jamais donner à boire ou à manger tant que l’animal n’a pas été réchauffé durablement afin d’éviter l’hypothermie qui pourrait lui être fatal.


Réhydrater avant le transfert au centre ou chez un vétérinaire.

  • Pour un hérisson autonome, un peu d’eau dans une coupelle basse de préférence en terre cuite car si le récipient est trop léger il va tout renverser.

  • Pour un juvénile, proposer de l’eau avec une pipette, une seringue, un compte-goutte, etc.

Le stress est la première cause de mortalité ... Dans 20% des cas il meurt littéralement de peur avant d’être pris en charge.


Vous pourriez peut-être le sauver seul, mais lui assurer la viabilité est tout autre chose … Seul un professionnel sera en mesure de le faire.




Erinaceus europaeus, tel que nous le connaissons,
existe depuis plus de 15 millions d’années.
C'est un animal sauvage qui doit le demeurer
afin de conserver ses instincts et savoirs faire.



Selon certains experts, il pourrait avoir pratiquement disparu en 2025 à cause de nos ingérences du vivant.

  • 26% sont décimés par intoxications chimiques, (pesticides, anti-limaces, saturnisme dû au plomb de chasse) etc.

  • 24 % sont écrasés sur les routes

  • 18% meurent de parasitisme

  • 13% succombent d’épuisement et de faim

  • 10% périssent par noyades, blessures, brûlures etc.

  • Seulement 9% sont victimes de leurs prédateurs naturels.

  • Sans oublier les rapts pas des personnes qui en veulent dans leur jardin & ceux qui les mangent encore ...



La destruction des lisières, le cloisonnement des propriétés et la maladie des « jardins propres » ne font qu’accélérer l’implacable processus de sa très probable disparition.


Ne peut-on pas mieux faire ?





Article rédigé par Jocelyne Calas, conceptrice d'espaces verts

& conseillère en biodiversité.

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