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  • Jocelyne Calas

Une manne au sortir de l’hiver

La nature nous fait de précieux cadeaux et nous en méprisons certains par ignorance.

Beaucoup d’entre vous n’aimez pas ces herbacées sauvages dans votre jardin et vous le leur rendez bien … Pourtant, figurent parmi elles des poids lourds de la biodiversité, des comestibles et des médicinales. Leurs apports nutritifs du printemps à l’automne, les rendent indispensables pour la faune sauvage qui fréquente nos parcs et nos jardins.


En cette fin février qui marque le début de sa renaissance, je vais vous parler de l’une des herbacées les plus connue, le pissenlit ou dent-de-lion (Taraxacum officinale). Saviez-vous qu’il est aussi bénéfique pour vous ?



Commençons par la biodiversité.

Tout d’abord c’est une des premières fleuraisons mellifères de l’année. L’inflorescence apparaît généralement dès la mi-mars, ce qui la rend incontournable au sortir de l’hiver.


Elle offre un pollen et un nectar de qualité. Les pollinisateurs en raffolent, contrairement aux tournesols et aux colzas trafiqués qu’ils boudent depuis plusieurs années … Un hectare de pissenlit peut fournir jusqu’à 200 kg de miel !


Une grande richesse nutritive :
  • plus de protéines 2,90 g, de lipides 0,85 g et de substances antioxydantes que la plupart des légumes.

  • Riche en glucides 6 g, vitamines (A, C 38 mg, E 3,44g, B), calcium 63 mg, fer 3 mg, potassium 397 mg, magnésium, manganèse, sélénium, etc.

  • C’est de plus un des rares végétaux à apporter les indispensables caroténoïdes.


Avec de tels bénéfices, vous comprendrez que l’inflorescence soit autant visitée par une si large faune (insectes, pollinisateurs, oiseaux granivores et mammifères …



Il attire les coccinelles et est apprécié de plus de 90 espèces d'insectes.

Parmi les 1° pollinisateurs sauvages à émerger en fev. mars

voici ceux qui apprécient le pissenlit : les osmies, l’andrène fauve (Andrena fulva), l’anthophore à pattes plumeuses (Anthophora plumipes), la collète-lapin ou collète des sablières (Colletes cunicularius) et plusieurs espèces de bourdons.




Cette solitaire butine exclusivement les Astéracées liguliformes dont fait parti le pissenlit (épervière, picride, piloselle, porcelle).



Elle vole de juill. à sept. et nidifie dans le sable et les gravières.

Vous la reconnaîtrez à ses pattes arrière couvertes de longs poils dorés.



Plante-hôte de divers coléoptères et papillons de nuit

comme le sphinx du pissenlit et l’écaille de martre qui ne vole qu’un mois en été.

Ecaille de martre. Chenille non urticante

Les oiseaux aux jardins :

durant toute la période de fleuraison (mars aux gelées et parfois même durant en hivers doux), le bouvreuil pivoine, le chardonneret élégant, la linotte mélodieuse, et les moineaux, mais aussi le bec croisé, les bruants, le pinson, le serin cini, le tarin des aulnes, la tourterelle des bois et le verdier s’en délectent.

Rappelons que sur ces 11 espèces, 6 sont particulièrement fragilisées.


Un bouvreuil pivoine se régale du pissenlit


Pour ne citer que quelques mammifères :

L’écureuil roux en raffole, mais aussi les micros mammifères, les lapins et bien d’autres encore que vous ne verrez jamais au jardin comme l’ours qui s’en goinfre le printemps venu.



Du printemps jusqu’aux gelées, le pissenlit est une valeur sure, un de ces poids lourds de la biodiversité ... Alors, laissez tout au moins une partie de vos pelouses se teinter de taches jaunes où toute une vie festoiera de ce véritable cadeau de la nature.



Le pissenlit est également excellent pour vous.

Consommée depuis l’antiquité, toute la plante est comestible. L’amertume de ses racines et des feuilles témoignent de ses propriétés dépuratives, elle est donc médicinale.


Soupe, salade ou infusion de feuilles et de racines feront une excellente cure au printemps. Elles sont tonifiantes, stomachiques, dépuratives, laxatives et diurétiques.


Quelques fleurs (riches en vitamines) agrémenteront vos salades. On peut également en faire des boissons, ou des gelées mais le résultat étant plutôt insipide, laissons-les aux pollinisateurs et aux oiseaux qui en ont tant besoin.



Autres atouts

Au potager :
  • c’est un répulsif pour les doryphores.

  • Les extraits fermentés stimulent la croissance et améliorent la qualité gustative des légumes.

  • Toutefois, gardez-le à distance des légumes à feuilles car il retardera leur croissance.

Au verger, il assurera la pollinisation et une récolte généreuse.

Plante bio indicatrice :

on le trouve souvent en terre argileuse, plutôt compacte et collante.

Tant qu'il n'est pas dominant, c'est un bon indicateur de terres fertiles à très fertiles avec une flore peu diversifiée.


Lorsqu’il domine, il indique un sol compacté, trop riche en matières organiques animales par trop d’amendement ou du surpâturage en prairie, ce qui engendre un engorgement et un blocage par le froid.



Comme vous pouvez le constater, ce végétal foisonne de bienfaits pour le vivant. C’est le plus riche en caroténoïdes, ce qui le rend essentiel à la bonne santé d’une large faune. Cela mérite de remettre sérieusement notre regard en question.



En conclusion

A l’heure où nous perdons nos insectes, où nos abeilles natives se meurent des pesticides et du manque de fleurs sauvages, où nos oiseaux sont tout aussi malmenés … Un geste simple qui ne vous coute rien consiste à conserver des zones de pissenlits en fleuraison et en graines lors de chaque tonte.


Préserver des adventices, dont le précieux pissenlit est une des démarches responsables parmi les plus simples et plus efficaces que nous puissions adopter pour la préservation de la biodiversité.



Apprenons à voir à travers le regard de la biodiversité …

La nature vous montre le chemin.



Article rédigé par Jocelyne Calas, conceptrice d'espaces verts

& conseillère en biodiversité.

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